Philippe Szymczak Economiste, chargé de mission Direction de la Prévision, Ministère de l'économie, des finances et de la privatisation
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Dans la période actuelle de transformation des systèmes de paiement
et de financement, et d'internationalisation des structures d'offre
de services bancaires, il apparaît intéressant de procéder à une
comparaison des coûts d'intermédiation financière des systèmes
nationaux et des coûts et marges bancaires.
Cette comparaison soulève de nombreux problèmes pratiques : aucun
indicateur statistique disponible ne mesure directement le coût de
l'intermédiation financière, marge prélevée par les institutions
financières sur les agents non financiers en contrepartie de
services d'intermédiation (réduction des coûts de transaction,
amélioration de la collecte et du traitement de l'information,
diversification des risques, ajustement temporel des échéances);
les structures et les modalités de fonctionnement, sans parler des
systèmes comptables, diffèrent d'un pays à l'autre.
Aussi ne peut-on qu'approcher une véritable mesure du coût
d'intermédiation financière, à l'aide d'indicateurs fondés sur les
données des systèmes de comptabilité nationale et de comptabilité
bancaire.
Une première série d'indicateurs, qui rapporte la production
imputée des services bancaires » au PIB et au total de l'actif des
institutions financières, montre que les banques françaises ont
occupé en moyenne en 1980-1984 une position médiane parmi les
grandes économies d'Occident.
Une deuxième série d'indicateurs rapporte, pour les mêmes années,
les marges d'intérêt, les marges bancaires globales, les résultats
bruts d'exploitation, les bénéfices, et les coûts opératoires des
banques soit au total du bilan, soit au total des capitaux engagés
auprès de la clientèle, et cela pour l'ensemble des banques
commerciales et les seules grandes banques commerciales. Il en
résulte que les banques françaises occupent une position
intermédiaire en général, mais qu'elles dégagent une marge
d'intérêt et une marge brute comparativement fortes si on la
rapproche du total des capitaux engagés. Elles supportent des coûts
opératoires élevés par rapport au même total. Cette position paraît
s'expliquer, au moins partiellement, par des différences dans la
structure des rémunérations des services rendus entre la France et
l'étranger et dans la densité des guichets bancaires. On peut
penser que la tendance récente des banques françaises à renforcer
le contrôle de leurs coûts opératoires, à diversifier leurs
services et revenus et à modifier la tarification de leurs services
représentent, au vu des indicateurs présentés ici, une
normalisation des conditions d'exploitation du système
d'intermédiation bancaire français par rapport à ses homologues
étrangers.