Yves Ullmo Secrétaire Général du Conseil National du Crédit
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Les innovations financières seront liées à l'évolution de la
réglementation, correspondant plus fondamentalement à l'évolution
des besoins des agents emprunteurs et prêteurs dans un contexte de
variabilité des taux de change et des taux d'intérêt. Elles ont une
incidence sur les modalités de la politique monétaire.
On constate d'abord que l'innovation financière rend plus instables
les agrégats monétaires et déforme leur relation avec les grandeurs
réelles. Là où l'innovation est parvenue à maturité, les agrégats
sur-représentent la réalité monétaire et là où elle est dans une
phase d'essor, ils la sous-représentent. Par ailleurs, elle vide
progressivement de leur contenu les agrégats du crédit.
Les autorités monétaires ont réagi dans les grands pays en
redéfinissant les agrégats monétaires au profit d'agrégats plus
larges et en les diversifiant ce qui a quelque peu brouillé leur
valeur. Dans les petits pays, ces agrégats ont pris moins
d'importance.
Dans ces conditions, la politique monétaire a eu de moins en moins
recours au contrôle quantitatif direct du crédit et a de plus en
plus joué sur le coût de la monnaie centrale, le taux de change
prenant globalement plus d'importance.
Les agents financiers s'engagent de leur côté plus activement dans
les procédures de financement ; la croissance des avoirs
internationaux des agents économiques, mal suivis, le rôle
croissant des taux variables et l'expansion des marchés à terme ont
tendance à rendre moins efficace et moins précise la politique
monétaire.
Au plan de l'Europe, le développement de l'Ecu privé plaide en
faveur d'une harmonisation très forte des politiques monétaires
nationales et la diminution du rôle des agrégats exige une
coordination renforcée au sein du SME.