Jean-Paul Abraham
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L'innovation financière est un concept apparu récemment mais qui
s'insère assez bien dans le cadre conceptuel offert depuis
longtemps par Schumpeter. Toutefois, elle a des effets indirects
sur la croissance économique.
L'innovation financière se caractérise comme une forme de progrès
technique endogène et incorporé. Elle peut présenter un caractère
aussi disruptif que continu, est induite par la demande au moins
autant que par l'offre, économise la main-d'œuvre et accroît
l'intensité capitalistique dans le secteur des services financiers,
a un temps de diffusion relativement court et se révèle sensible
aux mouvements de réglementation et de déréglementation entrepris
par les pouvoirs publics. Belgique, qui créait de nouveaux produits
financiers par la voie d'innovations fiscales, supporte les
conclusions suivantes : l'innovation financière sous-tend la
croissance des services financiers dont elle modifie la fonction de
production ; la concurrence est propice à l'innovation financière,
mais la réglementation peut également inciter à des innovations
visant à la contourner ; l'innovation financière a essentiellement
des effets vers l'amont sur la croissance du secteur de
l'informatique et des télécommunications ; vers l'aval, ses efforts
sont plus indirects. Lorsque la réduction des coûts suscitée par
l'innovation financière n'est pas retenue au sein du secteur des
services financiers, mais répercutée sur les clients, elle influe
sur l'activité économique et la croissance à une double condition :
il faut que les autres facteurs de croissance jouent dans les
entreprises simultanément et que l'environnement général
économique, social et institutionnel soit favorable. L'innovation
financière ne peut être un moteur exclusif de la croissance
économique.