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Le retour de l'endettement
Le projet de loi à l'étude sur le surendettement des ménages, les déclarations de certains dirigeants sur leurs choix en matière de financement, ont remis l'endettement, voire le surendettement à l'ordre du jour.
Le cycle financier peut être schématisé par une alternance entre le credit crunch et la bulle de crédit. La crise financière, qui se déclenche par le surendettement se transmet à la sphère réelle par la baisse du prix des actifs réels, qu'ils soient d'occasion (stocks des différentes formes de capitaux) ou neufs (rentabilité anticipée de l'investissement) et, en économie ouverte, par l'appréciation du change.
Le surendettement est une notion relative puisqu'elle dépend de l'écart critique existant entre taux d'intérêt réel et taux de croissance des revenus ; elle renvoie à la dynamique de la dette, que celle ci soit publique ou privée : à quelles conditions, dans quelles circonstances le processus d'endettement d'une entité devient-il cumulatif ? En période de déflation ou de désinflation, les taux d'intérêt réels deviennent très supérieurs au taux de croissance, ce qui induit des charges de remboursement toujours plus lourdes par rapport à l'évolution des revenus. Dans ces conditions, l'effort de désendettement des acteurs accentue la dépression.
A l'inverse, si les taux réels sont inférieurs au taux de croissance, ces derniers ont tout intérêt à s'endetter.
La dynamique de la dette s'applique en toute évidence à la dette publique d'état, où l'effet « boule de neige » suppose la stabilité du taux des prélèvements fiscaux et parafiscaux par rapport au PIB, ou en tout cas sa limitation. S'agissant des entreprises, une approche microéconomique s'impose : le taux de croissance anticipée de leur revenu est le résultat attendu de la croissance de leur marché spécifique et de leur compétitivité sur ce marché ; il n'est pas de nature différente de la rentabilité anticipée de leurs projets. Pour les ménages, ce type de raisonnement est moins souvent utilisé ; pourtant leur taux de croissance n'est autre, aux variations individuelles près, que celui du revenu disponible par ménage après impôt, auquel devrait s'appliquer la prime de risque afférant à la probabilité d'entrer dans une période de chômage.
De plus, il faut souligner qu'une partie seulement de leur endettement est employé à investir (logement), le reste servant à financer des dépenses courantes. Pour les collectivités locales enfin, le contexte français actuel est très différent : leurs ressources résultent de leurs fiscalités spécifiques, et non, sauf pour les sociétés d'économie mixte, du produit tarifable d'investissements ; mais de fait, même si elles ont fortement accru leur pression fiscale, leurs « réserves de fiscalité » restent globalement importantes et les cas de surendettement restent marginaux.
publication : février 1998 256 pages
Classification JEL : N23