Gunther Capelle-Blancard ** Centre d'économie de la Sorbonne, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Labex RéFi ; Paris School of Business. Contact : gunther.capelle-blancard@univ-paris1.fr.
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A en croire les études antérieures, la désintermédiation financière
observée en France durant les années quatre-vingts n'est due qu'à
un déplacement du champ d'activité des intermédiaires financiers.
Cette assertion se fonde principalement sur la distinction entre
les taux d'intermédiation en terme de demande et en terme d'offre.
Mais lorsque les champs et les méthodes sont comparables, ces deux
approches conduisent à des conclusions identiques : les tendances à
la désintermédiation semblent confirmées dans les deux cas, même
si, par définition, le niveau du degré d'intermédiation est plus
élevé lorsque l'on considère le point de vue des établissements
financiers. Il semble pourtant erroné de croire que les profonds
changements qui ont affecté la sphère financière durant les années
quatre-vingts (nouvelles technologies, innovations financières,
déréglementation) ont eu, en France, une influence déterminante sur
le comportement des agents en matière de financement (à l'exception
notable de l'État). La valorisation des encours conduit en effet à
amplifier les tendances à la désintermédiation financière de
l'économie française. Cet article propose donc une mesure originale
du degré d'intermédiation : la méthode consiste à utiliser des
séries en encours, corrigées des phénomènes de valorisation, afin
de ne retenir, parmi l'augmentation de la capitalisation boursière,
que l'aspect « nouveau financement ». Cette approche, qui se
traduit par le calcul d'un taux d'intermédiation en volume, dépasse
le clivage traditionnel qui oppose le taux d'intermédiation en
terme de demande et celui en terme d'offre. Mesuré sur la période
1980-1996, le degré d'intermédiation de l'économie française,
corrigé des phénomènes de valorisation, est alors relativement
stable.