Patrick Artus * Conseiller économique, Natixis. Contact : patrick.artus@natixis.com.
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Les réserves de change très importantes des pays émergents peuvent
être dues à deux types de comportements : un comportement
mercantiliste (affaiblissement volontaire du taux de change pour
soutenir la croissance par les exportations) et un comportement de
précaution, les réserves de change très élevées décourageant les
attaques spéculatives contre les devises des pays émergents. Mais
on observe à nouveau dans cette crise de fortes dépréciations des
taux de change de ces pays, sauf de la Chine (les pays choisissent
de laisser se déprécier leur monnaie plutôt que de perdre leurs
réserves - À quoi servent alors les réserves de précaution ? -), de
fortes sorties de capitaux, révélant que l'accumulation antérieure
de réserves de change venait d'entrées de capitaux spéculatifs qui
peuvent ressortir du pays ; le niveau de réserves élevé, dans cette
configuration, ne protège pas contre les sorties violentes de
capitaux. On peut donc légitimement se demander si le coût de
détention de réserves de change élevées (une utilisation inefficace
de l'épargne) a vraiment des contreparties favorables et s'il ne
faudrait pas choisir une autre méthode (contrôle des capitaux
spéculatifs ?) pour éviter les crises de change dans les pays
émergents.